Henri IV (de France) (Pau 1553 - Paris 1610) Roi de Navarre (1562-1610) et de France (1589-1610), premier roi de la dynastie Bourbons. |
|
Roi de France (1589-1610) et de Navarre (1572-1610), chef des huguenots pendant les guerres de religion, qui affermit la monarchie catholique une fois réalisée la pacification du royaume — en particulier avec l'édit de Nantes ; il fut le plus populaire des rois de France et le premier souverain de la dynastie des Bourbons.
Chef du parti protestant Né à Pau, le 14 décembre 1553, il était le fils d'Antoine de Bourbon et de Jeanne d'Albret, reine de Navarre. Après avoir passé sa jeunesse dans le Béarn, il fut élevé, dès l'âge de huit ans, à la cour de France, avec ses cousins Valois, et reçut l'éducation d'un parfait gentilhomme. Sa mère lui dispensa une éducation calviniste. Dès 1569, il devint le chef du parti huguenot à La Rochelle, sous la tutelle de Gaspard de Coligny, lors de la troisième guerre de religion (1568-1570). Son mariage, le 18 août 1572 à Paris, avec Marguerite de Valois, sœur de Charles IX et d'Henri III, fut décidé, après le traité de Saint-Germain, en signe d'apaisement entre les deux communautés religieuses. Une semaine plus tard eut lieu le massacre de la Saint-Barthélemy : Henri de Navarre sauva sa vie en abjurant sa foi et en se laissant convertir de force au catholicisme. Retenu comme otage au Louvre, à la cour, pendant trois ans, il parvint à s'enfuir (février 1576), retrouva ses États du Sud-Ouest, abjura la religion qu'on lui avait imposée et prit la tête des armées protestantes, avec lesquelles il guerroya. La mort du duc d'Anjou, dernier frère du roi, en 1584, fit de lui l'héritier direct de la couronne de France. La menace de voir monter sur le trône un roi hérétique ranima la Sainte-Ligue, menée par les Guise, qui s'allièrent au roi d'Espagne. Le roi Henri III dut laisser Paris aux ligueurs en 1588, et finit par faire assassiner les Guise, dont il craignait les ambitions. Il se réconcilia ensuite avec Henri de Navarre, qu'il reconnut comme son successeur légitime peu avant d'être assassiné par un catholique, le 1er août 1589. Mais les catholiques ne reconnurent pas Henri, devenu Henri IV, comme leur souverain et reprirent les armes pour imposer leur candidat, le cardinal de Bourbon, son oncle. Ils trouvèrent un appui chez Philippe II d'Espagne, dont les visées personnelles étaient d'obtenir la couronne de France pour sa fille Isabelle, petite fille d'Henri II. Roi de France Henri IV s'imposa par des victoires sur la Ligue à Arques (21 septembre 1589) ainsi qu'à Ivry (14 mars 1590)!; il assiégea Paris, qui fut finalement secourue par une armée de Philippe II établie aux Pays-Bas espagnols. Henri exploita habilement les dissensions existant entre les membres de la Ligue — révélées lors de leurs états généraux tenus en 1593 —, le patriotisme français, avivé par les menées espagnoles et le désir d'un retour à la légitimité monarchique. Il désarma ses adversaires en abjurant sa foi calviniste à la basilique de Saint-Denis, le 25 juillet 1593 (la légende en a retenu le fameux : "!Paris vaut bien une messe!!!"). Henri IV fut enfin sacré à Chartres (24 février 1594) et fit son entrée royale dans Paris le 22 mars 1594. Il reçut la même année l'absolution pontificale. Toutefois les catholiques intransigeants de la Ligue, dirigés par Mayenne, frère des Guises, et les Espagnols poursuivirent la guerre. Mayenne, battu (juin 1594), finit par faire sa soumission ainsi que le duc de Mercœur, qui tenait la Bretagne (mars 1598). La paix avec l'Espagne fut obtenue par le traité de Vervin (2 mai 1598) qui confirmait celui de Cateau-Cambrésis. L'édit de Nantes (13 avril 1598) réalisa la pacification religieuse du royaume, accordant de vastes privilèges aux protestants, et mit un terme aux guerres de religion. Henri IV put alors travailler à restaurer l'État et le pouvoir monarchique, et surtout à reconstruire la France, déchirée par plus de trente ans de guerre civile. D'un caractère bonhomme et simple, il sut se rallier les Français grâce à son autorité, qu'il affirma avec fermeté également contre les nobles. Il fut aidé dans son entreprise par des conseillers choisis pour leur valeur, ex-ligueurs ou huguenots. Le principal d'entre eux, le duc de Sully, resta toujours protestant. Le plus important de ses ministres après Sully était Villeroy, ancien ligueur, homme de robe, véritable ministre des Affaires étrangères. Ce personnel politique stable fut à l'origine des grandes familles ministérielles de l'Ancien Régime. La restauration de l'autorité royale et la paix ramenèrent assez rapidement une certaine prospérité dans le royaume. Henri IV, secondé par Sully, réorganisa les finances et favorisa le développement économique de la France. L'agriculture, plus particulièrement, mais aussi l'industrie et le commerce furent encouragés. Le système selon lequel les fonctionnaires des Finances et du judiciaire achetaient leurs offices (héréditaires) à la couronne fut officialisé en 1604 par l'édit de la Paulette. La politique de travaux publics fut particulièrement importante et durable : Sully fit refaire routes et chemins, aménagea les voies naviguables, fit construire des ponts. Ces mesures furent, jusqu'en 1609, accompagnées par une politique extérieure en faveur de la paix, qui cherchait toutefois à isoler l'Espagne. Cependant, en 1610, Henri IV, qui disposait d'une armée entièrement réorganisée par Sully, décida de lancer la guerre contre les Habsbourgs dont les armées occupaient Clèves et Juliers depuis le début de l'année. Le roi s'apprêtait à rejoindre son armée lorsqu'il fut assassiné par Ravaillac, un catholique fanatisé, le 14 mai 1610, rue de la Ferronnerie à Paris. Dans le domaine des arts et des lettres, Henri IV favorisa surtout l'Histoire et reconstitua une bibliothèque royale, mais il fut avant tout un grand promoteur de l'urbanisme et un grand bâtisseur : on lui doit, à Paris, le Pont-Neuf, la place Dauphine, la place Royale, l'hôpital Saint-Louis. Il fit transformer les palais royaux et fit construire des châteaux à ses maîtresses. Les passions du "vert galant" dans ce domaine sont bien connues : une fois son premier mariage annulé en 1599, il épousa l'italienne Marie de Médicis, dont il eut quatre enfants (Louis XIII, Gaston d'Orléans, Élisabeth — reine d'Espagne —, Henriette-Marie — reine d'Angleterre —). Ses maîtresses les plus célèbres furent Gabrielle d'Estrées (avec qui il eut trois enfants) et Henriette d'Entraygues. Le courage, la vaillance, l'autorité dont fit preuve Henri IV, tout comme sa promptitude à faire du principe religieux un avantage politique, lui permirent de bénéficier d'une place particulière dans l'Histoire de la France. Non seulement il restaura l'ordre et la prospérité dans son royaume en ruines, mais il veilla également à ce que la monarchie restât catholique et absolutiste. |